Pierrette Vergne - le papier-origine

Est-ce la photo d'une pile de journaux ? Des foulards de soie habilement fripés, puis pliés avec soin ? De l'écriture sur une grande page blanche ? Est-ce du bois, dont les fibres luisantes et rugueuses traversent la feuille ? Est-ce de la pierre ? Du lin ?

A première vue, il semble difficile d'en décider. Car Pierrette Vergne montre dans ses œuvres de manière impressionnante toute la polyvalence et la variété du papier. La surface justement, le plan de la feuille, devient profondeur, structure, volume aérien et sylphidique, et dévoile ainsi la véritable beauté du matériau. Ici, la couleur et l'encre ne sont pas les instruments de l'expression, ils sont catalysateurs de l'harmonie.

Surgissent en discrètes réminiscences des influences asiatiques – le zen et le feng shui, dans leur recherche puriste de la noblesse du matériau en soi, dans leur dévouement inconditionnel à la structure en tant que principe esthétique à part entière.

Le chemin entre fragilité poétique et présence inéluctable revient à l'Antiquité gréco-romaine, passe devant les travaux d'ateliers de tailleurs de pierre depuis longtemps disparus, et mène jusqu'aux bruyants marchés des mondes du Proche-Orient, avec leurs vasques remplies de pigments et leur paniers chargés de laines multicolores. Dans la complexité artistique du processus créateur naît l'originel et l'authentique, l'incomparablement naturel, un niveau de perception inconditionnellement sensuel, parfois aussi cependant d'une puissance éternelle et monumentale.

Les œuvres de Pierrette Vergne sont un voyage – dans la profondeur et la pureté de la matière, du papier.

Je remercie l'auteur, Martine Paulauskas, pour la publication de cet article paru dans son blog TextLoft (en allemand) - TextLoft